À la Maison de la francité, d’habitude, il y a les ateliers LE FRANÇAIS EN QUESTION(S). Avec le petit Robert. Robert Massart porte bien son prénom : on lit en lui comme dans un dictionnaire ouvert.
Licencié de l’ULB en philologie romane, ce professeur de français et d'espagnol a commencé sa carrière à Kinshasa pour ensuite la poursuivre durant de longues années au département pédagogique de la Haute École du Hainaut-Condorcet à Mons. Ayant quitté le professorat depuis quelques années, il joue un rôle actif dans le monde associatif de l'enseignement et la diffusion du français.
Explorateur de tout, sa vie est faite de voyages et de lectures. Bâtisseur en relations humaines, il partage son savoir, ses questions et ses convictions à travers des publications et des chroniques langagières. Surtout, Robert est fabuleux.
Aux confins de chez lui, Robert rebondit. Et vous propose des PASTILLES POUR SE RAFRAÎCHIR LA LANGUE. Ici, il est question de DRÔLES DE COUPLES… Il est vraiment étrange, ce petit Robert ;-)
DU LIERRE ET DE L'ADHÉSIF SONT PLUS ATTACHÉS L'UN À L'AUTRE QU'IL N'Y PARAIT...
Le latin hedera, mot dont la première syllabe "he" était fortement accentuée, avait d'abord donné: l'ancien français ierre, l'ierre. C'est à la suite d'une mauvaise agglutination de l'article, vers le 14e siècle, que le mot est devenu lierre, le lierre, cette plante bien connue, sorte de liane grimpante qui s'agrippe au tronc des arbres et aux murs, par adhésion, au moyen de petits crampons.
Adhésion et le verbe adhérer viennent du latin haerere (renforcé par le préfixe ad, adhaerere), être attaché, s'attacher à quelque chose.
Le latin avait aussi un verbe hendere, saisir, prendre. Il est probable que haerere (s'attacher) et hendere (saisir) aient une racine commune. Ce qui est sûr c'est que hedera, le lierre, dérive de ces deux mots: c'est la plante qui saisit, qui "prend" et qui s'accroche.
AVEZ-VOUS L'APPRÉHENSION D'ALLER EN PRISON ?
En cette période de confinement, la question pourrait se poser. Le fait est que les deux mots sont issus d'un radical latin commun : praehensio, du verbe prae-hendere, soit "saisir devant soi, attraper", qui a donné, en se simplifiant, prendere, comme en italien, et finalement, prendre. Praehensio, ou praehensionem (fonction de complément), "le fait d'être pris", a abouti à... la prison.
Appréhender, saisir par l'esprit ou arrêter un coupable, et appréhension, sont des termes savants, des mots qui ont été fabriqués plus tard, à partir du latin. On y retrouve chaque fois l'idée de prise.
Remarquons aussi que la racine "hend" est aussi celle du hand des langues germaniques : c'est avec la main que l'on saisit, que l'on prend.